A Madrid, sous le générique 18/98, se tient le plus grand procès politique que l’Europe ait connu depuis la Libération de 1945.
Plus de 250 personnes issues de mouvements politiques, d’associations et de médias basques comparaissent pour activités terroristes. Elles risquent toutes, de très lourdes peines de prison.
Le juge GARZON qui n’est rien d’autre que le bras judiciaire de l’Etat espagnol, mène une chasse aux sorcières sans précédent de l’autre côté des Pyrénées tout en usant et abusant du mandat d’arrêt européen pour charger un peu plus la charrette des accusés.
Nous aurions tort de ne voir dans ce méga-procès qu’une grand’messe inquisitoire destinée à exorciser les vieilles terreurs de l’Espagne post-franquiste.
Ouvrons les yeux. Ce qui se passe à Madrid nous concerne.
Une nouvelle justice sécuritaire européenne :
Aujourd’hui à Madrid, aucune possession d’arme, aucune utilisation d’explosif n’est reprochée aux accusés, pas plus d’ailleurs qu’aucun attentat ni assassinat
Ce dont il est question c’est la criminalisation des objectifs.
Pour la nouvelle justice sécuritaire européenne, tous les inculpés partagent le même objectif que E.T.A. : Un Pays Basque indépendant.
Comme par ailleurs, les mouvements, associations ou médias auxquels appartiennent les personnes mises en cause n’ont jamais formellement condamné la méthode de lutte armée utilisée par E.T.A., ces gens là sont forcément les complices de E.T.A…. (C.Q.F.D.)
Ce sont donc véritablement les objectifs que l’on réprime, ce sont les objectifs qui transforment des activités légales en actes terroristes.
Et demain, à qui le tour ?
Nous posons clairement la question :
Tous ceux qui ont pour objectif le renversement du système capitaliste et l’instauration par la voie « démocratique » d’une société socialiste mais qui ne peuvent exclure que le prolétariat puisse avoir à faire face à la classe exploiteuse qui refuserait par la violence le verdict des urnes vont-ils être mis en état d’arrestation ?
Tous ceux qui ont pour objectif de stopper les méfaits de la mondialisation, la mal bouffe, la pollution de la planète et qui refusent de condamner les révoltés qui décident de porter un coup d’arrêt à l’accumulation des profits capitalistes et à la folie mercantile des marchés, vont-ils aller croupir en prison ?
Tous ceux, enfin, qui se déclarent solidaires de la cause Palestinienne, de la résistance Irakienne, des mouvements de libération nationale, de la Révolution cubaine et de ses dirigeants ; tous ceux qui réclament pour les peuples le droit de disposer d’eux-mêmes ; tous ceux-là vont-ils finir à Guantanamo pour avoir soutenu des organisations reprises sur les « listes noires » dressées par l’Empereur Georges W. BUSCH et ses seconds couteaux européens ?
NE PAS SE TROMPER DE COMBAT :
A travers l’exécution de certains mandats européens par la justice française, il est clair qu’un nouveau raisonnement liberticide est appelé à devenir la règle judiciaire de l’Europe capitaliste de demain.
A la lumière des procès de Madrid, il parait aujourd’hui évident que le monde unipolaire que l’on prétend nous imposer prend dangereusement les allures d’un univers carcéral et que l’idéologie « libérale » qui l’accompagne vise à institutionnaliser l’exclusion et la criminalisation de la misère.
L’Europe des travailleurs ne se fera pas DANS
mais CONTRE les institutions de l’Europe capitaliste.
Boucau le 28 novembre 2005